L‘offre de monnaie création monétaire et liquidité bancaire

Cours Economie monétaire
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Offre de monnaie

Chapitre 2 : L‘offre de monnaie création monétaire et liquidité bancaire

Les banques qui créent la monnaie ont des contraintes et des risques, ce qui explique que la quantité de monnaie ne peut s’accroître à l’infini.

1)  Les mécanismes de la création monétaires.

  1. A) Création monétaire au niveau de la banque.

Toute écriture monétaire dans une banque, passe par un bilan.
On considère à l’actif, les emplois et au passif les ressources qui prennent la forme de dette ou de capitaux propres. On dénote beaucoup de dettes dans les banques, d’où leur fragilité.

  1. a) Bilan simplifié de la banque

On a à l’actif les contreparties des dettes

  1. b) Les différents cas de création monétaire.

A quelles occasions et comment une banque va créer de la monnaie c’est-à-dire pour elle la création de nouveaux dépôts à vue, aux seuls bénéfices des agents non financiers? En contrepartie de quoi, la banque va t-elle créer de la monnaie ?
Au début elle crée de la monnaie en contrepartie d’or et d’argent puis la banque émet plus de billets qu’elle n’a d’or et d’argent => Palmstruck.
2 cas fondamentaux de création monétaires se distinguent :
Acquisition de titre ou de créance et octroi de crédit. Ces deux mécanismes sont radicalement différents :
*cas 1 : Acquisition de titre ou de créances : lorsqu’une banque achète auprès de l’un de ses clients une créance qui peut être concrétisée par un titre négociable, ou alors, par une créance ordinaire du titre : effet de commerce. Elle va inscrire à son passif le montant de la créance sous forme de dépôt à vue au profit de son client. Simultanément, elle incorpore à son actif le titre ou la créance elle même. On trouve trois possibilités à l’intérieur de ce cas d’acquisition.
On dénote 3 possibilités à l’intérieur de ce cas :
1ère : achat d’un titre négociable comme une action, une obligation ou encore un bon du trésor.  La banque monétise un titre. Le dépôt à vue pour une banque est une dette.
Ex : À l’actif : portefeuille titre + 100. Au passif : dépôt à vue +100 pour l’entreprise
La banque va monétiser un titre car pour le dépôt à vue elle a émis la monnaie. Le dépôt à vue est une exigibilité à vue pour la banque. 2ème : l’escompte. Il y a remise d’un effet de commerce à la Banque, en contrepartie duquel la banque met à disposition de son client la somme correspondante. Cette somme n’existait pas au préalable.
Ex : À l’actif : effet de commerce +100.Au passif : dépôt à vue + 100 pour le commerçant.
En réalité le client n’est pas crédité de 100, la banque retient une petite partie de frais bancaires.
En contrepartie de la mise à disposition de moyen de paiement, la banque va enregistrer du coté de son actif une créance préexistante. Le commerçant qui a la dette va rembourser la banque et non pas le commerçant qui est allé voir la banque.
3eme : l’achat de devis. Lorsqu’un client apporte à sa banque des devis,   la banque va acheter ces devis. Bilan de la banque : actif => devises +100. Passif => dépôt à vue +100.
*cas 2 : octroi de crédits. On est véritablement dans le cas de création monétaire ex nihilo. Elle crée de la monnaie à partir de rien. Lorsqu’elle accorde un crédit à un particulier ou une entreprise, elle va regarder si son client a la capacité de rembourser dans le temps et si oui elle lui accorde un crédit. Elle met entre les mains de cet agent financier des moyens de paiement. Elle met un dépôt à vue en faveur du client en contrepartie elle écrit qu’elle a contracté une créance sur son client. (voir « 2 ») Bilan de la banque : Actif => créance sur Mr « z » +100. Passif dépôt à vue « Z » +100.
Chaque fois par obligation de rigueur comptable on inscrit à l’actif du bilan de la banque soit un titre, une devise ou une créance.
Lorsqu’il y a remboursement, il va y avoir destruction monétaire. Au niveau de l’ensemble du système on va regarder quelle est la création nette. L’agrégat monétaire va être en croissance permanente.

2.B) la création monétaire au niveau du système financier
           a) la banque centrale et le trésor public

La banque centrale crée de la monnaie qui va circuler entre les mains des agents non financiers. Elle crée cette monnaie et elle va écrire à son compte qu’elle possède en actif une créance sur l’économie et en passif des pièces et des billets. La différence entre la valeur nominale de la monnaie manuelle et le coût de fabrication porte le nom de seigneuriage.
Le trésor public est assez complexe car il se comporte pour certains aspects comme un agent non financier et sur d’autres, comme une banque, un agent financier. Les choses sont tellement complexes qu’au niveau de la banque centrale européenne les trésors publics n’ont ni un statut d’agent non financier ni un statut de banque (Institution Financière Monétaire). Le trésor public a un statut de neutralité monétaire. Il doit financer sa dette à travers l’endettement public en émettant des titres qui vont être achetés à la fois par des agents financiers, les banques mais également par des agents non financiers. Lorsque ces titres du trésor sont achetés par des banques, on en revient à un cas de création monétaire du premier type. Il y a une monétisation de la dette du trésor. Lorsque le trésor public se comporte comme une banque à travers le service financier de la banque postale notamment, le trésor public crée de la monnaie comme une banque ordinaire. Dans le cadre de l’union économique et monétaire (euro), il est demandé aux trésors publics d’une part de limiter leurs endettements et de se débarrasser de leur activité bancaire.

b) le bilan consolidé du système et les contreparties de la masse monétaire

Le bilan consolidé du système additionne tous les actifs des différentes institutions financières y compris la banque centrale. On additionne par ailleurs l’ensemble des éléments du ou de leurs passifs.
On constate ainsi qu’un certain nombre de créances d’établissements correspondent à des dettes d’autres établissements. On va être amené de chaque coté de ce bilan à supprimer ces éléments que l’on voit au passif d’un coté et à l’actif de l’autre. On rencontre à l’actif d’une banque des avoirs qu’elle détient en compte à la banque centrale mais à ce moment-là ce qui est avoir de cette banque est enregistré comme une dette de la banque centrale vis-à-vis de cette banque. Ces montants vont s’inscrire au passif. Dans un bilan consolidé, ces deux éléments vont se neutraliser ce qui va permettre de faire ressortir de façon exclusive les dettes et les créances de l’ensemble du système bancaire par rapport aux agents non financiers.  Cela nous amène à parler des contreparties de la masse monétaire qui se lisent essentiellement à partir d’un bilan consolidé.
A chaque occasion de création monétaire la banque inscrivait de la monnaie scripturale du coté de son passif mais qu’on pouvait lire du coté de l’actif en contrepartie de quoi la banque avait créé cette monnaie. Quand on va parler de la contrepartie de la masse monétaire, on va essayer de recenser les origines de cette création monétaire dans l’économie. On parle encore des sources de la création monétaire. Bilan consolidé du système bancaire :
Actif => titres, devises, créances ordinaires issues de l’octroi de crédit
Passif => [fonds propres, emprunt à long terme, dépôt à tenue], dépôt à vue basés sur M1
On trouve au passif la masse monétaire au sens de M1+ les autres ressources (qui sont plus stables que les dépôts à vue).
Du coté de l’actif on trouve les contreparties.   Pour arriver à déterminer les contreparties de la masse monétaire (M1) on se base sur l’actif mais de cet actif on doit déterminer les ressources stables.
Contreparties de la masse monétaire (M1) = total de l’actif du système bancaire – ressources stables du système bancaire.
Pour arriver à déterminer la masse monétaire on doit enlever les ressources stables. Les contreparties de la masse monétaire dans le cadre de l’euro (BCE s‘intéresse à l’agrégat M3) se composent de 4 éléments :
– les créances nettes sur l’extérieur (=> devises) E
– l’ensemble des créances sur le secteur privé qui peuvent prendre deux formes : de titres ou bien de crédits/créances ordinaires C1
– les créances sur le secteur public : titres (bons du trésor) ou de crédits/octroi de crédit C2
– ressources stables. On a ici le total de l’actif bancaire. Quand on prend le total de l’actif, on tient compte de ressources stables, qui ne sont pas monétaires, on va déduire les ressources stables que la BCE appelle ressources non monétaires : ex : les dépôts à terme >2ans (ceux qui sont inférieurs à 2ans sont dits monétaires), les titres de créances (OPCVM ) >2ans R
CM3 = E + C1 + C2 – R M3 = CM3
Le fait qu’une banque puisse créer de la monnaie à partir de rien est exorbitant car on peut avoir l’impression qu’elle peut créer de la monnaie à l’infini. En réalité c’est faux car elles sont limité dans leur création par la question de ses besoins de liquidité bancaire.

2) les limites de la création monétaire : la liquidité bancaire
    A) définition et besoin de liquidité bancaire

En réalité la banque ne peut pas créer infiniment de la monnaie car elle doit à tout moment être capable de faire face à des fuites en dehors de son propre circuit bancaire. La liquidité bancaire est, ce qui va donner à un établissement bancaire le moyen de régler un autre établissement bancaire.

          a) les fuites hors des circuits bancaires

Quand une banque fait face à des fuites on parle de besoin de conversion en monnaie (scripturale) gérée par d’autres banques. 1er cas : la nécessité pour une banque de régler des paiements à une autre banque à l’occasion de règlements scripturaux initiés par les agents non financiers. Pour régler ce solde des agents financiers les banques doivent avoir recours à leurs avoirs auprès de la banque centrale.
2eme cas : la conversion ou demande de monnaie financière : Chaque agent non financier veut détenir une partie de sa monnaie sous forme de billets. La banque va s’adresser à la banque centrale pour se fournir en pièce et en billet pour les donner à son client. Pour régler la banque centrale, la banque doit avoir recours à ses avoirs.
Les gens qui pratiquent un certain nombre d’opérations au niveau financier ne comprennent pas toujours la spécificité des mécanismes bancaires. Ils ont par là une interprétation complètement erronée de ce qui se passe. Les banques, bien qu’elles donnent l’impression de pouvoir inscrire comme elles veulent les dépôts à vue, sont limitées dans la création monétaire. Tout au cours d’une semaine, elles accumulent des chèques et elles confrontent leurs ordres croisées pour déterminer leurs soldes. (phénomène de compensation)
Ce règlement entre banques se fait à travers des comptes qu’ont les banques à la banque centrale.
3eme cas : la conversion en devise. La banque est amenée à importer des devises. Pour se procurer ces devises la banque va s’adresser au marché des changes. ces devises elle va les acheter soit à une autre banque, soit à la banque centrale elle-même. Une banque va devoir une autre banque ou sa banque centrale et ce règlement va passer par les avoir en compte de cette banque à la banque centrale.

          b) définition de la liquidité bancaire et place de la banque centrale

On va définir la liquidité bancaire comme l’ensemble des avoirs que détient une banque sur, ou auprès de la banque centrale. On y inclut également les pièces et billets que détient cette banque (dans ses propres caisses). Ce deuxième élément ne constitue pas un élément de la masse monétaire, mais bien un élément de la liquidité bancaire. Les pièces et les billets pour qu’ils constituent la masse monétaire sont ceux qui sont détenus par les agents non financiers. Le rôle des banques c’est de les mettre à disposition.
Quel est le rôle de la banque centrale ? La banque centrale se trouve au milieu des banques, chargée en quelque sorte d’effectuer les règlements de banque à banque qui s’effectuent avec une sorte « monnaie spéciale » que l’on appelle la liquidité bancaire. (high powered money = monnaie centrale = monnaie banque centrale = liquidité). Lorsqu’une banque va avoir besoin de liquidité, elle peut se la procurer de deux façons différentes :
– emprunter de la liquidité bancaire à une autre banque, pour ça elle va s’adresser au marché interbancaire.
– elle trouve sa liquidité auprès des autres banques, elle va s’adresser à la banque centrale qui va lui fournir la liquidité supplémentaire dont elle a besoin. C’est-ce qu’on appelle se refinancer.
Rappel : Le premier rôle de la banque centrale dans une économie normal c’est de contrôler l’inflation.

             B) les facteurs de la liquidité bancaire

Il y a 4 facteurs de la liquidité bancaire : 3 facteurs qui sont autonomes et un facteur, le facteur institutionnel.

               a) les facteurs autonomes

Ils ont autonomes parce qu’il va s’agir d’éléments qui ne peuvent pas être directement contrôlés par les banques ou la banque centrale.
Premier facteur : les mouvements de monnaie fiduciaire (ou manuelle). La banque doit se procurer ses pièces et ses billets auprès de la banque centrale, qu’elle va devoir régler avec ses avoirs en compte auprès de la banque centrale. Cela peut être un facteur négatif lorsque les commerçants demandent des pièces et des billets à la banque par exemple ou positif quand les commerçants rapportent ces pièces à leur banque.
Deuxième facteur : les opérations en devise. Ces opérations passent par le marché des changes et pour l’ensemble du système, ce sont à des banques étrangères que s’adressent ces banques de liquidité. Tout ce solde du système passe par la banque centrale.
Troisième facteur : ce sont les opérations du trésor public. Le trésor public est à la fois banque et non banque.   La politique de dette et de déficit du gouvernement, c’est-à-dire du trésor public va jouer sur l’ensemble du système. Et ceci est d’autant plus lisible qu’en France comme dans beaucoup de pays, c’est la banque centrale qui tient les comptes du trésor. Finalement, tout ce qui va se passer entre le trésor public et les banques va se passer à travers le compte du trésor. Les bons du trésor représentent pour les banques ce que l’on appelle de la liquidité potentielle. Le bon du trésor est un actif financier que la banque va pouvoir très facilement mobiliser   pour se procurer de la liquidité bancaire sur le marché bancaire, ou auprès de la banque centrale.

                b) le facteur institutionnel

Dans la majorité des pays industrialisés, les autorités font obligation aux banques de constituer sur leur compte à la banque centrale un montant d’avoirs au moins égal à une fraction ( à une certaine proportion) de l’encours de leurs ressources (=passif) de court terme. La banque centrale va regarder régulièrement que les avoirs en compte (les liquidités) de chaque banque représentent au minimum un certain pourcentage des ressources de court terme que l’on va pouvoir lire dans le bilan de la banque.
Jusqu’à aujourd’hui les banques centrales ont maintenu ce système : c’est le système des réserves obligatoires. Si la banque centrale veut contraindre de façon plus importante les banques en matière de liquidité, elle va augmenter le taux de réserves obligatoires. Si elle veut relâcher la contrainte sur la liquidité elle va pouvoir baisser ce taux.
Ce système s’applique à toutes les banques et jouent sur l’ensemble du système. Traditionnellement les banques centrales n’utilisent pas cette mesure des réserves obligatoires (elles gardent un taux relativement bas mais stable, entre 0,5 et 1%). Le taux n’a pas bougé depuis la mise en place de l’euro, donc depuis 1999.

    C) les procédures de refinancement des banques

Se refinancer pour une banque c’est aller chercher, se fournir en liquidité soit auprès d’un autre établissement bancaire, soit auprès de la banque centrale. Quand cela se passe auprès d’un autre établissement bancaire, cela se passe à travers le marché interbancaire. Ce sont des procédures particulières, procédures d’open market et/ou procédures de facilités permanentes.

              a) le recours au marché interbancaire

Dans la mesure où d’autres banques disposent d’une liquidité excédentaire, (dont-elles ne font rien pour une période restreinte), ces établissements peuvent les prêter à d’autres banques. Tout ceci se fait à travers le jeu de la banque centrale. Les banques vont se prêter entre elles soit à travers ce qu’on appelle des opérations « en blanc », soit à travers des opérations de prise ou mise en pension.
Dans le cas de l’opération en blanc, entre deux établissements cela signifie qu’il n’y a qu’un simple jeu d’écriture, sans aucun contrat, aucune garantie derrière (cela représente 80-90% des opérations).
Les opérations de mise ou prise en pension consistent dans le fait que l’emprunteur de liquidité va céder temporairement au préteur des titres ou des effets en échange de la liquidité qu’il va lui transmettre. A l’issue de l’opération (lorsque la banque emprunteuse va rembourser), la banque emprunteuse a l’obligation irrévocable de reprendre possession des titres ou des effets mis en pension.  Ces effets sont une garantie pour le préteur. Tout ce qui est titre ou effet mobilisable par ce système de prise ou de mise en pension représente pour la banque sa liquidité potentielle.

           b) le recours à la banque centrale

D’une façon générale en fonctionnement normal de l’économie (croissance modérée ou soutenue) la quantité de monnaie nécessaire à l’économie s’accroît. (création nette de monnaie). Cette création nette de monnaie va nécessiter une augmentation également régulière de la liquidité bancaire. La banque centrale va devoir régulièrement fournir au système bancaire le supplément de liquidité dont il a besoin.
C’est à travers ce contrôle ultime de la liquidité bancaire que la banque centrale va exercer sa politique monétaire, notamment à travers le niveau des taux d’intérêt et la quantité de liquidité mise en circulation. La banque centrale va donc régulièrement (toutes les semaines) s’adresser aux banques pour leur fournir la liquidité nécessaire au bon fonctionnement de l’économie. C’est la procédure d’open market.
La deuxième possibilité est qu’une banque qui a besoin individuellement de liquidité supplémentaire s’adresse à la banque centrale pour se voir accorder ces liquidités (au lieu de s’adresser à toutes les banques).

3)  le multiplicateur monétaire (de base monétaire) : une analyse de l’expansion monétaire et de ses limites

Rappel : la banque crée la monnaie. Elle met à disposition d’un agent non financier des moyens de paiement. Elle fait un crédit.
Ces moyens de paiement vont être utilisés (dépôts à vue), ils vont circuler et donner naissance à un transfert, à l’augmentation de dépôt à vue d’autres agents. Les crédits font les dépôts (louas make deposits). Le multiplicateur va essayer de nous tracer la relation qu’il peut y avoir entre la liquidité bancaire qu’on appellera également base monétaire, et la masse monétaire, c’est-à-dire l’ensemble des moyens de paiement dans l’économie.

A) principe et mécanisme du multiplicateur : une double approche

On peut considérer que la liquidité bancaire représente en fait une sorte de super monnaie dont les banques ont besoin pour répondre aux contraintes de la création monétaire qu‘elle pratique au quotidien. Le volume de cette liquidité bancaire est moindre que le volume de la masse monétaire (volume qui circule dans l’économie). L’idée du multiplicateur est qu’il doit y avoir un rapport au multiple entre la quantité de liquidité bancaire et la quantité de monnaie créée. L’objet du multiplicateur est de trouver le lien entre ces deux grandeurs. Pour trouver ce lien on considère deux approches possible : en terme de flux ou en terme de stock (=masse brute observée).

  1. a) l’approche en termes de flux successifs

On peut rapprocher sur le plan analytique, le raisonnement en terme de flux du multiplicateur keynésien. Ce raisonnement est fondé sur l’existence d’une causalité qui va de la liquidité bancaire (R=réserve de liquidité bancaire) vers la masse monétaire. R => M.
On part d’une situation où une ou plusieurs banques disposent d’une réserve R de liquidité bancaire disponible en première période, cette réserve on la nomme R1. Les banques disposent de ces fonds, elles vont l’utiliser en créant de la monnaie « delta M1 » (variation)
Δ M1 = R1
Cela va donner lieu à un certain nombre de contraintes.
On soustrait à Δ M1
b : proportion de monnaie manuelle  r   : coefficient de réserve obligatoire
Δ M1 (1-b) (1-r).
cette monnaie qui circule va permettre de dégager : R2 = (1-b) (1-r) Δ M1
C’est-ce R2 qui va permettre de créer à nouveau de la monnaie, une croissance supplémentaire de la monnaie. R2 = Δ M2
ΔM2 = (1-b) (1-r) ΔM1
Δ M2 = (1-b) (1-r) R1
R3 = (1-b) (1-r) ΔM2
ΔM3 = (1-b) (1-r) ΔM2

ΔMn = (1-b) (1-r) ΔMn-1 = [(1-b) (1-r)] n-1 R1
On veut savoir ce que cette liquidité initiale R1 aura induit comme création monétaire. C’est la masse monétaire totale qui aura été créée.
ΔMtot= ΔM1 + ΔM2+ … + ΔMn
Quand n tend vers l’infini :
ΔMtot = R1 + (1-b) (1-r) R1 + [(1-b) (1-r)]2 R1… [(1-b)(1-r)]n-1 R1
On est en présence d’une somme d’une suite géométrique de premier terme R1 (= λ) et de raison (1-b) (1-r) (=q)
Une telle suite géométrique a une somme finie lorsque n tend vers l’infini. Cette somme a une limite car la raison  (1-b) (1-r) est inférieure à 1.
Tab 1
1
S =—– λ
1-q
La création monétaire totale : ΔMtot =( 1 / [1-(1-b) (1-r)] ) R1
Le multiplicateur monétaire est 1-(1-b)(1-r)
Soit m le multiplicateur monétaire : m = 1 / [ b+ r (1-b)].
À partir du moment où les autorités sont capables de calculer m, elles vont savoir exactement quelle va être la conséquence d’une injection monétaire supplémentaire sur la liquidité
 

  1. b) approche en termes de bilan, de stocks (par rapport à une situation donnée)

(1)         M (masse monétaire) = B(billets, pièces) + D (DAV)
(2)         B = b M b = B/M       b (part de la masse monétaire M)
(3)         D = (1-b) M
(4)         H (base monétaire) = R(réserve des banques) + B(billet)
(5)         R = r D  r(réserve obligatoire)
R = r (1-b) M
H = r (1-b) M + b M = [r (1-b) + b ] M
D’où,     M = ————   H
b + r (1-b) m = 1 / [ b + r (1-b)]

  1. c) les différentes formulations du multiplicateur

Le multiplicateur en économie ouverte va s’écrire : 1/[1- (1-b) (1-r) (1-d)] d : part détenue en devises Dans un système où il n’y a pas de réserves obligatoires le multiplicateur est 1/b
La formule approchée du multiplicateur : 1 / (b+r)
on néglige r . b car c’est très faible

          B) portée et limite du multiplicateur
              a) signification et utilité du multiplicateur

Le multiplicateur montre clairement le pouvoir de l’ensemble du système bancaire de créer de la monnaie en proportion de ce que reçoit le système en termes de liquidité bancaire.
Le multiplicateur permet d’évaluer la quantité maximale de monnaie créée à partir d’une base monétaire ou encore à partir d’une réserve  de liquidité. On suppose que toute la réserve et toute la liquidité sont utilisées. Ce multiplicateur montre l’importance des autorités dans leur fonction de contrôle de la quantité de monnaie. Cet outil pourrait servir à la politique monétaire: si j’injecte de la liquidité quelle va en être la conséquence sur l’économie ? La quantité de monnaie dans l’économie influence de façon plus ou moins directe d’une part le  niveau général des prix et d’autre part l’activité économique ( = la croissance). Aujourd’hui on craint que les banques n’accordent plus de financement on voit donc apparaître la stagnation voire la déflation.

             b) les limites ou les critiques du multiplicateur

Elles sont relativement nombreuses.
Dans la version des flux successifs, on dit que la création monétaire initiale ΔM1 était égale à R1 c’est-à-dire à l’excédent de liquidité disponible. En faisant cette hypothèse on a une attitude prudente des banques alors qu’en réalité dès qu’une banque détiendrait de la liquidité elle pourrait créer de la monnaie au multiple.
Notre multiplicateur ne nous dit rien sur la durée totale nécessaire à la création monétaire. Rien n’est dit sur le temps nécessaire aux périodes successives et sur le temps total.
Le multiplicateur suppose qu’il y a de la part des agents non financiers une demande financement suffisamment importante. Dans des périodes où l’économie va rester mitigée sur le plan de la croissance, il n’est pas évident que les banques utilisent à plein régime leur possibilité de création monétaire. Cette théorie suppose implicitement que l’on soit dans des périodes de véritable croissance de l’économie.
Enfin, on a supposé que la liquidité bancaire existait de façon préalable à la création monétaire. Le banques attendraient de disposer d’une liquidité pour créer de la monnaie. Dans un fonctionnement normal de l’économie on peut penser que c’est l’inverse. Les banques commencent en quelque sorte par octroyer des financements et dans un deuxième temps elles vont se fournir en liquidité nécessaire.
On ne serait donc pas dans une logique de R => M(logique du multiplicateur)   mais au contraire M =>R (logique du diviseur monétaire ou diviseur de crédit).
Conclusion sur l’offre de monnaie : L’idée la plus courante sur la monnaie est qu’elle circule mais nous sommes dans des économies en croissance donc qui ont toujours un peu plus de besoin de financement. Il y a toujours un Δ supplémentaire de création de monnaie qui doit être assumé par le système financier pour permettre la croissance de l‘économie. Ce delta est contraint par la liquidité bancaire, ce qui va donner un certain pouvoir à la banque centrale. Les banques centrales doivent veiller à la préservation de la valeur de la monnaie (=maîtriser l’inflation) et en même temps, elles ne doivent pas excessivement freiner la croissance des économies.

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